Interview du directeur du Freihof, Florian Gesnel par Amandine Hyver, journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace (27 juin 2025)
Le Freihof à Wangen accueille 53 mineurs. Sous l’impulsion du directeur Florian Gesnel, le structure à caractère social intensifie et approfondit la relation avec les parents pour travailler aux conditions d’un retour réussi des enfants dans le foyer familial.
Le Freihof.
Le Freihof est une maison à caractère social (MECS) fiancée par le CEA. S’inscrivant dans le champ de la protection de l’enfance, le site accueille 53 garçons et filles de 3 à 18 ans en difficulté sociale et/ou familiale et vise à leur apporter « des réponses en terme d’accueil, d’éducation, d’instruction et de maintien des liens familiaux ».
« Nous assurons l’hébergement et l’accompagnement des enfants. leur scolarité se fait en milieu ordinaire ou spécialisé , comme au Ditep des Tilleuls à Scharrarbergheim, rappelle le directeur Florian Gesnel. L’encadrement est assuré par 49 salariés à temps plein, dont une majorité d’éducateurs spécialisés.
Organisation du site.
Le Freihof comporte trois groupes d’internat pour les enfants de 7 à 16 ans et un groupe de tout-petits aux besoins spécifiques. Depuis 20 ans le site compte également un service d’accompagnement pour les familles (sept appartements).
« La cellule familiale est suivie par des éducateurs spécialisés. Cela permet de travailler le lien parents-enfants in situ ». Mais ce dispositif pourrait bien évoluer. Florian Gesnel travaille à proposer de logements pour mettre à l’abri un parent violenté et son enfant.
Des enfants à double vulnérabilité.
« Les enfants qui arrivent chez nous sont complexes » observe le directeur. Un enfant sur deux souffre d’une « double vulnérabilité », c’est à dire d’un placement par la protection de l’enfance et de troubles psychologiques et cognitifs. « C’est un vrai enjeu en terme d’accompagnement. Ces enfants sont dans les marges. « Si on refuse de tutoyer cette marge on ne peut pas les rencontrer »
Oser sortir les enfants.
De quelques mois à une dizaine d’années: il n’existe pas de règles pour la durée d’hébergement au Freihof. Mais aujourd’hui se félicite Florian Gesnel, « une impulsion est donnée au niveau de la protection de l’enfance visant à oser sortir les enfants des structures ». C’est aussi l’état d’esprit que le directeur, en poste depuis 2022, veut insuffler sur ses équipes à Wangen. En 2024, une quinzaine d’enfants ont retrouvé le foyer familial. Idem l’année précédente. Même si cela s’accompagne d’un important suivi à domicile pour assurer la continuité, ces retours définitifs sont toujours encourageants.
» La place d’un enfant n’est pas ici. Il faut donc tout mettre en œuvre pour faciliter sa sortie. C’est collectivement , avec l’aide sociale à l’enfance et le juge des enfants que nous évaluons les risques d’un retour et le dégâts sur l’enfant en cas d’échec. Si le risque est limité, cela vaut la peine d’essayer pour que la situation avance.
Intégrer les parents.
Raccourcir la durée des placements et travailler aux conditions d’un retour dans le foyer familial s’accompagnent d’une relation plus étroite et apaisée avec les parents. « Ils sont la cause et la clé. Ils savent faire des choses et il faut leur faire vraiment confiance » termine Florian Gesnel.
ZOOM
« La vocation ne suffit plus »
Horaire décalés, engagement total, »côtoyer la misère et la détresse au quotidien », un salaire de 1500 euros net en début de carrière: c’est aujourd’hui difficile de recruter des éducateurs spécialisés. « La vocation ne suffit plus ». « Au Freihof, il y a peu de turn over. « J’ai la chance d’avoir des équipes qui ont envie, qui se donnent et qui y croient ». Mais Florian Gesnel avoue malgré tout recourir à l’intérim. Compliqué quand on accueille » des enfants malades du lien et que la réponse que l’on apporte ne s’inscrit pas dans la durée.